L'UPANISAD MANDUKYA
Les upanisads sont des textes venus de l'Inde, des réflexions philosophiques, qui dans l'histoire de la littérature védique, se situent plutôt avant les textes majeures du Yoga. Ces textes sacrés
sont commentés, et le plus souvent, nous en lisons toujours actuellement les commentaires. Ils proviennent aussi de transmissions orales ou des textes révélés sans auteurs.
J'y trouve une grande poésie, mais aussi comme l'expression, d'une relation secrète entre ce qui existe dans l'univers en correspondance avec ce qui existe au cœur de l'individu.
Votre trouverez à lire, cette courte upanisad, la Mandukya, à la suite de son compte rendu que je souhaite vous partager, vous qui êtes la.
Ce compte rendu est celui de satsang (cours de philosophie) suivis depuis l'ashram d'Amma en Inde, où les mantras de l'upanisad sont étudiés les uns après es autres.
Il est temps de rentrer donc, dans l'exploration infinie de la Mandukya Upanisad, une étude de 4 états de conscience.
1. L'upanisad nous aide à dépasser notre ignorance, (Avidya en sanskrit). Ce dépassement est un but : détruire la perception erronée que nous avons de nous-mêmes, d'être des êtres limités.
Dans l'océan de l'existence, comme des vagues, des ondes de souffrance suivent des accalmies, et des accalmies suivent des ondes de souffrances. Ce mouvement "duel" conditionne notre être au
monde, tissé par nos habitudes, agit par nos mémoires et nos aversions, mais nous sommes l'océan.
C'est par l'étude et la contemplation du Texte, de la profondeur de notre véritable nature, du discernement, que l'on peut faire l'expérience de l'océan infini. Les premiers mantras nous font une
promesse QUE TOUT EST OM, est Brahman, qu'il est déjà en nous (Atman) et que nous ne sommes, point limités mais ignorants de l'essentiel en nous. Cette démonstration est une invite à mener notre
propre enquête, à expérimenter. Faire l'expérience , plonger dans les profondeurs pour étudier est tout à fait le contraire de la croyance ou de la religion.
Les maitres des satsangs emploient des métaphores, pour expliquer cette recherche de notre véritable nature, il la compare a de l'argile, une matière, une substance présente avant l'objet,
avant le pot, la anse, sa hauteur, sa forme. Le pot casse, l'argile est toujours là.
L'humain connait trois états de conscience, non essentiels mais indispensables à la Connaissance, à la destruction de la souffrance, à la Félicité.
3. Le premier état de veille, fait l'expérience de la manifestation grossière (le corps grossier), concrète où les organes des sens et des actions tournés vers l'extérieur nous ouvre à une
connaissance sensible du monde. Nos pensées et mémoires s'élaborent, et le moi se forme.
4. Dans le second état, celui du rêve, les mêmes objets se manifestent, sans que le rêveur commande, décide, choisisse de leur apparition, les images surgissent. Dans la conscience du rêveur, que
l'on nomme ici, le lumineux, alors que les sens ordinaires sont endormis,ou presque retenus comme les rênes du cavalier retenant les chevaux, se manifeste un autre monde riche et diversifié. Quel
est le monde véritable? L' upanisad interroge le Réel, en occident nous dirions la Vérité.
Dans le sens Védantique de la Réalité, tout ce qui est changeant n'est pas réel, l'expérience de notre véritable nature est immuable plus que mouvante. Notre réalité est bien souvent, une
projection de désirs, et nous la fabriquons, alors que pour l'advaitin, le monde est réel uniquement si on le voit en tant que Soi et irréel si on le voit séparé du Soi.
5. Le troisième état, celui du Sommeil profond, est un état, déjà assez indescriptible, il y a peu de chose à nommer. Il ne présente pas d'objet de connaissance, il est sans objet. Dans cet état,
pour autant la conscience est présente mais c'est une expérience d'absence de conscience du corps et du mental, d'absence de peur et de crainte.
On pourrait dire que dans cet état, il n'y a plus rien à nommer, ni les noms, ni les formes, ni de balancement entre nos polarités et différentes énergies. En connaissant le Soi, ou dans cette
pure présence au Soi, se dissolvent les énergies de résistances (tamas) ou de quête (rajas), celles qui nous entrainent du futur au passé, et du passé au futur et comme une hypnose, nous empêche
de voir ce qui est.
Cet état, dans ma compréhension actuelle des choses, est comme une porte de passage vers une autre forme de présence, reliée à la substance ou à l'essence même de la félicité.
Parfois cette présence à un équilibre d'énergie (Sattvique), même une fraction de seconde est aussi une voie de passage.
La méditation ou la contemplation sont des accès à un mouvement de déplacement, un changement de regard pour voir ce qui est, et discerner le monde duel du monde unifié dans sa diversité.
la plus belle des métaphores que je vous partage, est celle d'une ancre de sel sur la plage, qui une fois plongée dans l’océan sera l'océan infini.
MANDUKYA-UPANISAD
1. Hari Om ! Cette syllabe OM est tout ceci. En voici la claire explication: ce qui fut, ce qui est, ce qui sera, tout cela, en vérité, est le phonème OM; et toute autre chose qui est au delà du triple temps, cela aussi en vérité est le phonème OM.
2. Car tout ceci est le Brahman; le soi que voici est le Brahman, et ce soi a quatre quartiers.
3. Le premier quartier est Vaisvanara ("ce qui est commun à tous les hommes"). Il a pour domaine l'état de veille; il a la connaissance de ce qui est à l’extérieur; il a sept membres et dix neufs bouches; il jouit de ce qui est grossier.
4. Le deuxième quartier est Taijasa (le"lumineux"). Il a pour domaine l'état de rêve; il a sept membres et dix neufs bouches; il jouit de ce qui est subtil.
5. Lorsque l'être qui dort ne désire aucun désir, ne voit aucun rêve, c'est l’état de sommeil profond. Celui qui, dans cet état, est devenu un, (telle une ) masse homogène de connaissance intégrale, qui est rempli de félicité et dont la bouche est (uniquement) la conscience (indifférenciée); celui la est appelé prajna (le "connaisseur" par excellence): c'est le troisième quartier.
6. C'est lui le Seigneur de l'univers , c'est lui l'omniscient, c'est lui le Régent intérieur, lui la matrice de tout ce qui existe. Assurément, il est à la fois l'origine et la résorption des êtres.
7. Ni connaissant des objets internes, ni connaissant des objets externes; ni connaissant à la fois des uns et des autres; ni masse homogène de connaissance intégrale; ni connaissant , ni non connaissant; invisible, n'entrant pas dans la sphère de l'action, insaisissable, sans aucune marque distinctive, impensable, indescriptible, ayant pour essence la certitude d’être un avec le Soi; cessation de la multiplicité; plénitude de paix et de béatitude, sans dualité; voila ce que l'on tient pour le quatrième (cathurta) . C'est le Soi, C'est Lui qu'il faut distinctement connaitre.
8. Ce même Soi, lorsqu'on l'envisage du point de vue syllabique, est le phonème OM considère sous l'angle des éléments sonores.Les quartiers sont les éléments sonores et les éléments sonores sont les quartiers, à savoir le son A, le son U et le son M.
9. Ayant pour domaine l'état de veille vaisvanara est A, le premier élément sonore, parce qu'il est l'obtention (apti) ou bien la primauté (adi). Oui, en vérité, il obtient (l'accomplissement de ) tous ses désirs et il devient le premier, celui qui sait ainsi.
10. Ayant pour domaine l'état de rêve, TAIJASA est U, le deuxième élément sonore, par suite de son élévation (utkarsa) ou bien de sa position intermédiaire (ubhayatva). Oui, en vérité, il élève la continuité de son savoir et il devient égal pour tous, celui qui sait ainsi, parmi ses descendants, aucun ne sera ignorant de Brahman.
11. Ayant pour domaine l'état de sommeil profond, prajna est M, le troisième élément sonore, parce qu'il est la mesure (miti) ou bien l'aboutissement. Oui, en vérité, il mesure la totalité de cet univers et il devient lui même l' aboutissement celui qui sait ainsi.
12. Dépourvu d'élément sonore est le quatrième. On ne peut pas l'utiliser ; en lui s'abolit le monde phénoménal, il est toute béatitude, sans dualité. Ainsi le phonème OM est bien le Soi. En vérité, il pénètre dans son propre Soi par le moyen de ce même Soi, celui qui sait ainsi.